L'aide est venue d'où on ne l'attendait pas. Si la Banque d'Angleterre n'est pas en mesure de ressusciter la livre, la Banque du Japon le fera à sa place. La décision de la nouvelle direction de la BoJ de maintenir son engagement envers les principes d'une politique monétaire ultra-accommodante a sérieusement affaibli le yen par rapport aux principales devises mondiales. Et elle est presque la principale devise de financement, de sorte que les traders malins ont commencé à vendre le yen, retroussant leurs manches. La croissance de l'appétit mondial pour le risque a permis aux "taureaux" sur GBPUSD de renouveler leur plus haut niveau en 10 mois.

On voit la paille dans l'œil du voisin et on ne remarque pas la poutre dans le sien. Le chef économiste de la BoE, Hugh Pill, a appelé les ménages et les entreprises britanniques à se serrer la ceinture, à reconnaître que tout va mal et à cesser d'augmenter les salaires. Pourquoi la banque centrale ne commencerait-elle pas par elle-même ? Il a déclaré que, en raison de l'assouplissement quantitatif, il avait subi des pertes non réalisées de 100 milliards de livres sterling, et que le Trésor devait lui verser cet argent. Malgré la situation financière déjà précaire de l'État.

Le discours de Hugh Pym est devenu une sorte de geste de désespoir. La Banque d'Angleterre mène la politique monétaire la plus agressive depuis des décennies, mais ne parvient pas à faire baisser l'inflation qui reste bloquée au-dessus de 10%. Il semble que sans efforts conjoints, rien ne bougera. Il y a de bonnes nouvelles à ce sujet : en raison de la baisse des prix de l'énergie en Europe, l'IPC devrait bientôt baisser, et les attentes d'inflation ont chuté à 3,5%. Cependant, il est difficile d'imaginer comment, dans un contexte de prix élevés, de réduction des revenus réels de la population et d'un marché du travail globalement solide, les salaires nominaux pourraient brusquement ralentir.

Dynamique de l'inflation et des salaires au Royaume-Uni

Malgré la panique semée par le chef économiste, le marché est confiant que la Banque d'Angleterre s'en sortira. Les dérivés prévoient une augmentation du taux de REPO lors de la réunion du 11 mai de 25 pb à 4,5%. Le plafond prévu est de 4,9%. Cela signifie qu'après le printemps, nous pouvons nous attendre à un ou deux autres actes de restriction monétaire. Dans le contexte de la volonté de la Réserve fédérale de ralentir, cela crée un vent arrière pour les "taureaux" sur GBPUSD.

De la part de la Fed, lors de la réunion des 2-3 mai, on attend au moins la suppression de la phrase du communiqué du FOMC selon laquelle une certaine augmentation des taux pourrait être nécessaire. Cela témoignera de la fin du cycle de resserrement de la politique monétaire et maintiendra le thème désagréable du retournement "dovish" en 2023 pour le dollar américain. Rappelons que le marché à terme prévoit une baisse du taux des fonds fédéraux à 4,5% d'ici la fin de l'année en cours.

Dans un contexte de calendrier économique pratiquement vide, la livre est prête à réagir aux nouvelles de l'étranger. Tout comme elle a été secouée par la Banque du Japon, elle pourrait être affectée par la Réserve fédérale en mai, puis relancée par la BCE. La BoE, quant à elle, est dans une position très favorable. Elle rendra son verdict une semaine plus tard, lorsque les marchés se seront un peu calmés après les secousses.

Techniquement, la sortie de la fourchette de consolidation 1,237-1,247 a permis à GBPUSD de déterminer la direction de son mouvement futur. La tendance haussière se poursuit, nous utilisons donc la cassure du niveau pivot à 1,257 pour renforcer les positions longues formées à partir de 1,247.